Le rêve de Léonie
Léonie était une jeune fille belle : ses yeux étaient verts et ses cheveux étaient longs et blonds, elle était aussi intelligente. Elle avait treize ans, elle vivait avec son père dans une ferme. Elle avait un rêve : devenir chevalier. Mais ce n’était que pour les garçons. Elle partit au marché où elle acheta de la viande et du pain pour le souper de ce soir. Quand elle rentra, elle mit la table et prépara le dîner. Son père arriva à temps pour souper.
« Bonjour père, j’espère que ta journée s’est bien passée ?
– Oui aujourd’hui j’ai vendu quelques fruits et légumes ! »
Son père vendait sur les marchés des fruits et légumes de ses champs. Une fois le souper finit, elle fit la vaisselle et alla nourrir les animaux. Léonie avait un chat, trois poules et trois oies. Quand la nuit fut tombée, elle alla chercher du bois dans la réserve pour alimenter le feu puis se coucha sans faire de bruit, son père étant endormi dans son fauteuil devant le feu.
Le lendemain matin, Léonie fit une surprise à son père. Étonnée de le voir rentrer le chariot vide, elle lui dit :
« Père que s’est-il passé sur le chemin ? Des brigands t’ont-ils volé ?
– Non, rassure-toi ! J’ai tout vendu !
– Comme je suis contente !
– J’ai une surprise pour toi !
– Une surprise !
– Va voir derrière la maison.
– Un âne !
– Je t’ai inscrite à l’école des chevaliers du roi Rufus. N’ayant pas gagné assez d’écus, je n’ai pu avoir qu’un âne. Mais je suis sûr qu’il fera pour toi un excellent compagnon de route.
Le lendemain matin, le petit déjeuner pris, Léonie monta dans sa chambre pour enfiler sa tenue d’élève de chevalier en prenant bien soin de cacher toute marque de féminité car sinon cela lui fermerait la porte de la chevalerie. Prête, elle rejoignit son père dans la cour. Il lui avait préparé son âne Iris comme si c’était un cheval. Il la serra très fort dans ses bras en lui souhaitant bonne chance. Léonie remercia encore son père pour sa compréhension. Elle lui dit :
« Père, je reviendrai à la fin de la semaine. Prenez bien soin de vous ! »
Puis elle monta sur son âne et prit le chemin de la ville.
Tout le long du chemin, Léonie conversa avec son âne, elle lui parlait de son enfance, de ses rêves et surtout de l’école de chevalier. Elle lui disait qu’il fallait à tout prix qu’elle soit chevalier. Iris semblait l’écouter et de temps en temps, elle dodelinait de la tête. Il ne leur fallut que ce trajet pour devenir meilleurs amis, être en osmose l’un avec l’autre.
Arrivée à l’école, Léonie vit les regards et entendit les rires moqueurs des autres élèves. Cela la gêna énormément mais elle avait du caractère alors elle serra les dents, leva la tête et s’avança vers eux. Un garçon vint vers elle :
« Bonjour comment t’appelles-tu ? Tu es nouveau ?
– Je m’appelle Léonie ! Euh non Léon, pardon, je suis nerveux ! Je pense que je n’aurai pas trop d’ami car les autres garçons m’ont déjà jugé, je ne suis pas de leur rang !
– Moi, c’est Alexandre, fils du roi Rufus. Ne t’en fais pas, cela viendra. C’est sûr que ta monture n’est pas très appropriée pour être chevalier
– Je suis persuadé que mon âne Iris vaudra certains chevaux ! »
Puis les cours de chevalerie commencèrent.
Les futurs chevaliers n’eurent pas un moment à eux. Tantôt, ils s’entrainaient à l’épée, apprenaient à chevaucher leur monture, à bien s’en occuper, nettoyer les stalles. Léonie mettait beaucoup d’ardeur à la tâche et ne déméritait pas face aux garçons.
Alexandre et elle étaient devenus inséparables. Pendant les pauses, ils parlaient de tout et riaient beaucoup. Ainsi à la fin de la semaine vint pour Léonie le moment de rentrer chez elle.
Elle dit au revoir à Alexandre et ajouta :
« Je serai de retour d’ici deux jours ! »
En chemin, Léonie parlait à son âne : « As-tu vu comme Alexandre est beau, adroit et gentil avec moi ! Aussi, il m’a dit que tu étais très rapide et intelligent, meilleur que certains chevaux. C’est vrai que tu sautes très haut et tu comprends tout ce que l’on te demande. Je vais te dire un secret Iris, je crois que je suis tombée amoureuse d’Alexandre, mais comment lui dire que je suis une fille et que je veux tout de même devenir chevalier ? De plus, lui est fils de roi. Je ne sais pas si je dois en parler à Père. » L’âne Iris poussa quelques petits braiments comme pour lui signifier que oui.
Quand elle arriva devant chez elle, elle était tout excitée de revoir son père ! Léonie rentra dans la maison. Elle poussa un cri.
Tout était sens dessus dessous. Elle fouilla toute la ferme et aucune trace de son père. Elle trouva un morceau de tissu accroché au chariot que ce dernier prenait pour aller faire les marchés.
Elle reconnut le tissu, il s’agissait de celui de l’école des chevaliers. Mais qui pouvait en vouloir à son père ? Il n’avait pas d’argent, rien de valeur ou peut-être quelqu’un se doutait-il que Léon était en fait une fille et que cette personne ne voulait pas d’une fille à l’école des chevaliers.
Léonie ne savait que faire, devait-elle retourner à l’école et tout dire à Alexandre et au roi, au risque de se faire renvoyer, ou devait-elle se taire et essayer de retrouver son père seule ?
Léonie décida de retourner à l’école et de garder le silence. Elle se dirigea vers les vestiaires pour prendre son équipement pour partir à la recherche de son père. Une fois dans les vestiaires, elle entendit des pas mais n’eut pas le temps de finir de se changer que la porte s’ouvrit. Il s’agissait d’Alexandre…
« Que faites-vous là ? Ce n’est pas un endroit pour une jeune fille. Mais je vous reconnais… vous êtes Léon ? Pourquoi vous déguisez-vous ?
– Je suis désolée de vous avoir menti à vous et à votre père, mais j’ai toujours rêvé de devenir chevalier et l’école n’est autorisée qu’aux garçons. Ne dites rien au roi pour le moment, mon père a disparu et je pense que quelqu’un de l’école a découvert que je suis une fille.
– Pourquoi dites-vous cela ?
– J’ai trouvé un morceau de tissu accroché au chariot que mon père utilise pour faire les marchés.
– Comment savez-vous qu’il s’agit d’un morceau de tissu de l’école ?
– Regardez par vous-même, il s’agit de la même couleur et de la même matière. Maintenant je dois y aller mais ne dites rien pour le moment, quand j’aurai retrouvé mon père je vous promets que j’irai voir le roi pour tout lui dire. »
Une fois Léonie partie, Alexandre ne savait que faire, devait-il se taire comme Léonie le lui avait demandé ou devait-il tout dire au roi son père ?
Il prit la décision de tout dire, car un chevalier ne doit en aucun cas mentir. Il se rendit à la salle du trône :
« Père puis-je vous parler ?
– Bien sûr mon fils, que se passe-t-il vous avez l’air d’avoir des ennuis.
– Pas moi père mais Léonie, non Léon…
– Qui est Léonie ? Et qui a des problèmes Léon ou cette jeune fille ? Je ne comprends pas, expliquez-vous.
– Je vais tout vous racontez. »
Alexandre raconta tout à son père, pour finir il lui dit que Léonie était une très bonne apprentie chevalier malgré le fait qu’elle soit une fille.
Le roi demanda à sa garde de fouiller l’école à la recherche d’indices, car il était furieux qu’une personne de l’école puisse s’en prendre à quelqu’un sans raison.
La garde finit par trouver un uniforme auquel il manquait un morceau de tissu, il s’agissait de l’uniforme du meilleur ami d’Alexandre. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi il s’en était pris au père de Léonie.
« Père qu’allons-nous faire ?
– Nous allons nous rendre chez ton ami et l’interroger.
– Pourquoi a-t-il fait cela ?
– Il y a certainement une bonne raison, ne t’inquiète pas nous allons retrouver le père de Léonie. »
Le roi, Alexandre et sa garde se mirent en route. Ils devaient traverser une forêt que tous disaient enchantée. Le roi rassura Alexandre.
« N’ayez pas peur, il ne vous arrivera rien.
– Comment le savez-vous père ?
– Nous avons des alliés. »
Une fée apparue soudain à côté du roi.
« Que faites-vous là majesté ?
– Un de mes apprentis chevaliers est parti à la recherche de son père qui a été enlevé par un de ses camarades. Je pense qu’il a eu peur d’être moins bon élève que Léonie.
– Léonie ? Je pensais que vous ne preniez pas de fille au sein de votre école.
– Je vous expliquerais tout quand nous aurons traversé la forêt. »
La fée éclaira la forêt à l’aide sa baguette car la nuit commençait à tomber et il fallait trouver un endroit pour dormir. Le lendemain matin, aux aurores tout le monde se mit en route. Ils comprirent que Léonie était retenue prisonnière aussi car son âne Iris errait seule dans la forêt. La fée s’approcha de lui et posa sa main sur sa tête pour lire dans ses pensées.
« Il faut se dépêcher car Léonie et son père sont en grand danger. Ils sont retenus prisonniers par le père du camarade d’Alexandre, il s’agit de Louis le Borgne. Souvenez-vous, nous l’avons combattu il y a quelques années car il terrorisait les gens du village.
– Comment cela se fait-il qu’il ait pu savoir que nous avions une fille dans l’école, car même moi je n’étais pas au courant. Cette jeune fille a été très discrète, travailleuse…
– Son fils a dû le découvrir tout comme Alexandre.
– Père, dépêchons-nous !»
Arrivée à l’orée du bois la fée laissa tout ce petit monde continuer sa route car elle ne pouvait pas sortir de ce côté parce que des forces maléfiques étaient présentes.
Ils arrivèrent enfin devant la maison de Louis le Borgne. Ce dernier sortit en entendant des chevaux arriver. Son fils sortit derrière lui.
« Que faites-vous là votre Altesse ? Vous êtes bien loin du palais…
– Je viens chercher Léonie et son père, je pense que vous savez de qui je parle.
– Je ne savais pas que les filles étaient acceptées dans votre école.
– Libérez-les ou nous devrons employer la force.
– Venez les chercher ! Nous verrons bien si vous êtes toujours aussi fort… »
Alexandre appela son ami. Celui-ci était caché à proximité. Ils parlèrent tout bas.
« Pourquoi as-tu enlevé le père de Léonie ? Elle ne t’a rien fait.
– Je ne l’ai pas enlevé, c’est mon père ! Il déteste ton père depuis de nombreuses années. Il s’est servi de moi, il faut me croire Alexandre je suis un fidèle chevalier et jamais je n’aurai été à l’encontre de nos principes qui sont la loyauté, la fidélité et l’entraide. Viens je sais où il les a cachés.
– Je te suis, allons-y. »
Pendant que le roi combattait Louis le Borgne, Alexandre et David partirent chercher Léonie et son père. Ils arrivèrent devant une grotte gardée par deux gardes. Un combat s’engagea. Mais Louis le Borgne s’était aperçu qu’ils étaient partis à la grotte et il avait entrainé le roi et sa garde vers cette dernière. Il appela ses hommes pour qu’ils viennent l’aider.
Un impressionnant combat débuta. Louis le borgne combattit le roi Rufus, qui le fit violemment tomber de son cheval. Il se releva et continua de se battre. Du sang jaillissait. Des lances se fracassaient contre les armures, les épées se cassaient en deux. Leurs armures étaient en mille morceaux…
Un cri d’effroi se fit entendre… Alexandre était blessé, David vint aider le roi à combattre son père car il était furieux qu’il se soit servi de lui. Quand Louis le Borgne vit son fils combattre aux côtés du roi il capitula.
Un braiment se fit entendre, Iris arriva pour rejoindre sa jeune maîtresse.
Léonie et son père furent délivrés par la garde. Quand Léonie vit Alexandre à terre, elle courut vers lui, mais la garde l’empêcha de s’en approcher. Quand ils arrivèrent à l’école Alexandre et son père allèrent directement à l’infirmerie. Léonie fut convoquée par le roi et la reine dans la salle du Trône.
« Léonie asseyez-vous, je vous présente la mère d’Alexandre !
– Bonjour Léonie ! Alexandre nous a beaucoup parlé de vous! Avec mon époux le roi, nous avons décidé de te garder à l’école des chevaliers car malgré cette ruse tu as les qualités pour être un excellent chevalier : tu es courageuse et loyale.
– Merci beaucoup, majestés, comment vont mon père et le prince ?
– Ils vont bien, vous pouvez aller les voir à l’infirmerie! »
Léonie alla à l’infirmerie, son père lui dit :
« J’espère que vous allez bien ma fille ?
– Oui je vais bien ! J’ai eu très peur pour vous père!
– Moi aussi. Va voir Alexandre, il veut te dire quelque chose.
– J’y vais de ce pas. »
Léonie entra dans la chambre d’Alexandre, elle tremblait de tous ces membres.
« J’espère que vous allez bien ?
– Oui ça va, mais j’ai mal au bras. J’ai quelque chose à vous dire.
– Je vous écoute.
– Léonie, dès que je vous ai vue j’ai su que vous étiez une fille. Vous êtes tellement belle vos yeux sont beaux ainsi que vos cheveux. Léonie voulez-vous m’épouser ?
– Oui je le veux Alexandre.
Le mariage fut célébré quelques mois plus tard, en présence du roi, de la reine, du père de Léonie ainsi que de tous les élèves de l’école des chevaliers.
Un an après leur mariage, Léonie et Alexandre ouvrirent, en compagnie de David leur fidèle ami, leur propre école de chevaliers.
Bien sûr, les filles, tout comme les garçons, étaient acceptées !
Léonie et Alexandre eurent un petit garçon qu’ils appelèrent Léon!
George, le père le Léonie, vivait avec le roi Rufus et la reine Lisa dans leur château. Léonie fut la première fille à devenir chevalier avec un âne.
C’est ainsi que se termine l’histoire de Léonie, la jeune fille qui rêvait de devenir Chevalier !
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